Le salon HyVolution, rendez-vous incontournable de la filière hydrogène, s’est tenu en février à Paris. 

Avec plus d’autonomie et moins d’émissions polluantes, l’hydrogène constitue une solution d’avenir pour le transport décarboné. Les filières industrielles se structurent afin d’apporter des solutions locales de production d’hydrogène vert.

Pour de nombreux acteurs publics, l’hydrogène est considéré comme la solution énergétique au transport du futur, notamment permettant de livrer les centres-villes de plus en plus souvent soumis à des réglementations environnementales. Pourtant, cette filière dynamique, en France et dans de nombreux pays, aboutit encore à des résultats assez modestes.

Il ne s’agit pas d’une énergie nouvelle. Le premier camion fonctionnant à l’hydrogène date de 1945. Deux ingénieurs, Hubault et Dubled, avaient transformé un camion fonctionnant avec cette énergie.

Pourquoi alors l’hydrogène, 75 ans après, s’est si peu développé notamment pour les véhicules de livraison ?

Le fonctionnement est sur le principe assez simple. L’hydrogène est stocké dans un réservoir. Il alimente une pile à combustible, pièce névralgique du véhicule, qui fait fonctionner un moteur électrique. Les avantages sont énormes. Le véhicule génère peu de polluants locaux. L’autonomie du véhicule est importante. La distribution d’énergie est effectuée rapidement, contrairement à des véhicules électriques classiques. Il n’y a pas de surpoids significatif, comme c’est le cas pour les batteries.

Pourtant, la filière se heurte à des difficultés. La principale d’entre elle est la production de l’hydrogène. Produire de l’hydrogène à partir de l’extraction d’hydrocarbures est bien sûr exclu car l’hydrogène n’est alors par vert. Différentes sociétés proposent sur HyVolution des solutions de production d’hydrogène vert, à partir d’électricité éolienne ou photovoltaïque, ou à partir de la biomasse. C’est par exemple le cas de VDN Group, qui investit dans des parcs d’éoliennes, dont l’électricité générée alimente un électrolyseur produisant l’hydrogène.

HyVolution est aussi l’occasion de présenter l’extraordinaire potentiel, peu connu, de l’hydrogène naturel. La société canadienne Hydroma dispose d’un permis d’exploitation de l’hydrogène naturel au Mali.

Un second volet est celui du stockage de l’hydrogène, qui est difficilement liquéfiable. Le salon présentait différentes solutions de stockage, adaptables à des véhicules. Une des solutions les plus innovantes est celle de la société suisse Aaqius, qui propose des cartouches (de la taille d’une canette de boisson), permettant d’alimenter un vélocargo ou un scooter. Le modèle proposé prévoit une infrastructure de distributeurs automatiques qui rendent possible le changement de cartouches par l’utilisateur. Un vélocargo va alors pouvoir disposer d’une autonomie de plus de 30 kilomètres et facilement se recharger à l’aide de cartouches pleines.

Les véhicules fonctionnant à l’hydrogène sont aujourd’hui essentiellement des voitures (par exemple la Toyota Mirai), des bus, mais aussi des véhicules de collecte des déchets, comme l’expérimente la ville de Dijon, et progressivement des véhicules de livraisons.

Ainsi, des camions équipés d’une motorisation à hydrogène seront testés par les transporteurs Jacky Perrenot et Chabas dans le cadre du projet HyAMMED (Hydrogène à Aix-Marseille pour une Mobilité Ecologique et Durable) porté par Air liquide et Capenergie. Le déploiement de ces camions sera accompagné d’une station de recharge H2 à Fos-sur-Mer. L’hydrogène bas carbone sera coproduit sur la zone portuaire de Marseille-Fos.

Fabio Ferrari, DG de Symbio, concepteur français de modules de motorisation hydrogène intégrables dans des véhicules, société récemment acquise par Michelin, indiquait lors d’une conférence sur HyVolution l’importance du marché asiatique, au Japon, en Corée et en Chine. Symbio a mis en place un partenariat avec Renault pour la réalisation du Kangoo ZE et du Master ZE à hydrogène. Depuis 2018, la société Citysprint a intégré un Kangoo ZE aménagé avec une pile à hydrogène dans sa flotte de véhicules doux pour assurer des livraisons dans le centre-ville de Londres.

Dans une autre conférence, le spécialiste de la carrosserie frigorifique Chereau présentait la première semi-remorque frigorifique à hydrogène, qui sera prochainement testée par un transporteur frigorifique, Delanchy.

Ces expériences ne permettent pas encore de parler de maturité de la filière. Mais le dynamisme des régions, des organismes de recherche et des industriels laisse penser que l’hydrogène fait partie des solutions d’avenir pour une mobilité propre. Pour y parvenir, l’ensemble des maillons de cette chaîne doit être structuré : la production d’hydrogène décarboné, le stockage, la distribution de cette énergie et bien sûr les véhicules qui pourront permettre de l’utiliser. Se posera alors le problème du coût de l’hydrogène par rapport aux autres solutions existantes.

Le maillage de stations-services H2 sur un territoire s’avère être un enjeu pour permettre l’utilisation de ce carburant. Ainsi, l’Allemagne a déjà installé une centaine de stations qui bénéficient déjà aux sociétés de transport de marchandises utilisant le StreetScooter électrique à pile hydrogène. L’autonomie du véhicule s’étend à 500 km grâce à cette technologie.

Pour le transporteur, l’enjeu est de taille. L’hydrogène lui permet une efficacité et une facilité que d’autres solutions énergétiques n’apportent pas nécessairement. Les solutions peuvent notamment être locales afin de réduire les parcours de l’énergie entre le point de production et la distribution.