Pour répondre aux exigences réglementaires dans les villes, les constructeurs déploient une gamme plus étendue de véhicules électrique de livraison du dernier kilomètre. C’est là une bonne nouvelle pour accompagner la reprise du marché.

En parallèle avec la croissance des livraisons de colis en ville, notamment du fait de l’e-commerce, les règlementations de circulation dans les centres villes s’avèrent être de plus en plus exigeantes. Présenté le 2 Juillet par le Ministère de la Transition écologique aux membres du Conseil National de l’Air, le projet de décret sur les zones à faibles émissions (ZFE) annonce la création d’une dizaine de ZFE dès 2021. L’objectif est de respecter les obligations européennes en termes de qualité de l’air, notamment sur les territoires qui dépassent régulièrement les normes autorisées, d’ici fin 2023. La Commission Européenne a en effet adressé à la France un rappel concernant ses engagements nationaux de réduction de GES, et notamment d’Oxydes d’azote (Nox) et de particules fines, explicités dans la directive (UE) 2016/2284 adoptée en Décembre 2016.[1]

Les transporteurs doivent donc adapter leur flotte de véhicules afin de respecter les niveaux progressivement imposés dans les ZFE. Dans un communiqué, le Ministère de la Transition écologique les soutient dans cette évolution. Il indique notamment que « pour accompagner le renouvellement des véhicules les plus anciens dans ces territoires, la prime à la conversion dans les zones à faible émission peut, depuis le 1er juin 2020, être augmentée de 2000 euros abondés à 50 % par l’Etat ».

Les constructeurs automobiles mettent les bouchées doubles

Une offre de plus en plus étendue de véhicules utilitaires électriques, pouvant répondre aux exigences réglementaires à venir des ZFE, est disponible sur le marché. C’est là une bonne nouvelle qui laisse augurer une part de marché plus importante pour la motorisation électrique que ce qu’elle a été les dernières années. En juin 2020, certes dans un contexte encore difficile, la part de marché du VUL électrique est de 3,1% alors qu’elle était de 1,3% en 2019.

L’autonomie de ces véhicules est compatible avec les kilométrages moyens des livraisons urbaines, notamment si les opérateurs de livraison du dernier kilomètre disposent d’espaces logistiques en proximité des zones de livraison.

Sans être exhaustif, voici quelques-uns des principaux modèles des grands constructeurs automobiles :

Le MAN eTGE de 10,7 m3 offre une autonomie de 176km. Il est compatible avec un mode de recharge rapide. La batterie peut ainsi être rechargée à hauteur de 80% en 45 minutes, et intégralement en environ 1h. Le eCrafter de Volkswagen est construit sur la même plateforme.

Véhicules de livraison électrique
Source : https://www.van.man/de/en/models/man-etge/etge.html

Nissan propose son véhicule e-NV200 en version 4 m3 mais aussi en version 8 m² conçue par Voltia et transformé par Gruau (Nissan e-NV 200 XL Voltia).

Mercedes-Benz propose 2 modèles. Le eVito, en 6 ou 6,6 m3, est bien adapté aux exploitations de livraison urbaine utilisant des parking souterrains, grâce à sa hauteur limitée.  Depuis le 8 Juin, le eSprinter est disponible à la commande, en fourgon de 11m3.

Ainsi, dans le segment des véhicules utilitaires de 10 à 12 m3, les opérateurs de livraison ont enfin le choix entre plusieurs nouveaux modèles, mais aussi le Renault Master ZE, déjà commercialisé depuis 2018.

Le constructeur Ford propose quant à lui une version hybride Essence/électrique de l’utilitaire, avec le Transit Custom. Le moteur thermique essence fait office de générateur d’électricité lorsque la batterie est déchargée. Commercialisé en deux longueurs, l’autonomie totale du véhicule atteint 500km pour une charge utile de 1000kg.

Le fabricant historique français Goupil propose plusieurs modèles avec un avantage de largeur du véhicule qui lui permet de s’insérer entre les bornes hydrauliques des centres villes, comme les vélocargos. Le Goupil G4 a une charge utile de 1200kg et une capacité de 3,3m³. Limité à 50km/h, sa batterie lithium de 14kWh lui assure une autonomie de 110km. Le Goupil G5, lancé en 2010, offre une capacité supérieure, avec 6,3m³. Sa batterie plus puissante, de 19kWh, permet une vitesse jusqu’à 70km/h et 150 km d’autonomie. La sortie du Goupil G6 est prévue pour l’automne 2020. Il offrira une charge utile de 1200 kg (9m³ de capacité) pour une vitesse maximale de 80km/h et 150km d’autonomie.

Véhicules de livraison électrique
Source : https://www.goupil-ev.com/g6-2020

La fin de l’année verra arriver de nouveaux modèles

Après avoir vendu près de 145 000 Jumpy depuis 2016, le groupe Peugeot-Citroën annonce le lancement de la version électrique courant 2020. Les VUL Citroën ë-Jumpy / Citroën ë-Dispatch atteindront selon les modèles de batteries, de 230 à 330 km d’autonomie.

Le ë-Jumpy sera réalisé sur la même plateforme que les modèles Peugeot e-Expert, Toyota Proace électrique et e-Vivaro d’Opel. L’e-Vivaro d’Opel, qui sera disponible en 3 longueurs, est une version électrique du modèle thermique. Deux modèles de batteries sont proposés, avec une autonomie allant jusqu’à 300km. Ce VUL propose jusqu’à 6,6m3 de volume de chargement pour 1200kg de charge utile.

Véhicules de livraison électrique
Source : https://www.opel.fr/vehicules/vivaro-c/panel-van/electric-experience.html

La diversité de l’offre de fourgons compacts de 5 à 8 m3, bien adaptés pour la livraison urbaine de petits colis, sera alors une réalité.

La livraison urbaine pourra alors bénéficier d’un choix plus large de modèles et, espérons-le, de prix d’acquisition plus attractifs, incités par la concurrence, mais aussi par la croissance du marché.

Afin de réduire les externalités négatives, qu’elles soient d’ordre sonore ou en termes d’émissions de GES, les VUL électriques offrent une opportunité d’améliorer les conditions de vie en zone urbaine.

Leur déploiement ne doit toutefois pas freiner les projets de mutualisation et de professionnalisation de la livraison. Passer de véhicules thermiques à des véhicules électriques permet de mieux respecter les réglementations à venir et de réduire la pollution, mais l’autre enjeu est de mieux organiser les flux afin de réduire les kilomètres parcourus et l’occupation de l’espace public.

[1] https://www.banquedesterritoires.fr/qualite-de-lair-traitement-des-eaux-urbaines-la-france-doit-encore-mieux-faire